France

C'est pas dormir en soi, je pense. C'est le fait de "ne rien faire", ce dont dormir fait partie.

Autour de moi, y'a plein de monde qui dort beaucoup, mais même eux le vivent comme un plaisir coupable, genre "Lol j'ai passé le weekend à dormir, je suis une merde". Mais en même temps, moi qui ne dors pas beaucoup, si je dis que j'ai passé le weekend sur le canapé à jouer à Stellaris (et c'est ce qui me ressource et me redonne de l'énergie) je passe aussi pour une grosse merde.

Dans l'esprit collectif, il faut faire. Toujours. Et des trucs qui te font physiquement bouger, d'ailleurs. Ça sera mieux accueilli si je dis que je suis allé voir une expo sur un sujet X un weekend que si je dis que j'ai fait un marathon de documentaires sur le même sujet.

Pour les pauses au boulot, par contre, je pense que c'est différent. C'est juste qu'il y a très clairement un double-standard dont bénéficient les fumeurs sur tous les autres.

Parce qu’on a une société qui met la santé mentale en arrière-plan… et qui glorifie les comportements risqués pour la santé, surtout chez les mecs. Une masculinisation caricaturale qui fait des dégâts dans plein de domaines.

Une astuce pour vitre fils: qu’il dise la même chose que ces petits copains, c’est pas drôle de se faire discriminer pour un bon comportement, et à son âge, il n’a aucune obligation morale d'éduquer qui que ce soit. J’étais un gamin sincère comme lui, j’ai appris trop tard que c’est malheureusement pas toujours la meilleure solution…

Un des effets secondaires du capitalisme.

Quand tu dors, tu ne produis rien, tu ne consommes rien, bref, tu ne sers à rien. Un bon membre de la société dort le moins possible pour montrer qu'il est bien intégré.

Attends, juste pour être sûr. Ils se sont foutus de lui pour avoir répondu ça alors qu’ils attendaient la réponse sur ce qu’il avait fait entre la fin de l’école et 20h, ou parce qu’eux n’étaient pas couchés à 20h ?

Sinon pour le boulot, c’est très con en effet. Dans un précédent boulot, on jouait au Ping Pong pendant la pause de l’après midi, et un jour un membre de la direction avait fait une réflexion au directeur de site sur le fait qu’on ne bossait pas. Par contre pas de soucis avec ceux qui fumaient pendant leur pause…

?? Et ses camarades ils se couchent jamais? A 5 ans tu vas au lit a 20h non? Y'a que moi?

J'en profite pour une petite anecdote qui a du sens selon moi. La dernière fois, je discute avec des collègues et j'explique que le midi en télétravail, je fais toujours une sieste. Réponse des interessés : "C'est trop bien, mais moi je pourrais pas, ça me stresserait trop"

Le rapport au travail est tellement ancré qu'il empoisonné tous les temps de pause, même quand il ne peut pas y avoir de conséquence.

Je suis en train de lire "Paresse pour tous" d’Hadrient Klent, et ça devrait te plaire.

C'est l'histoire d’un mec, prix Nobel de l’économie, qui publie un bouquin sur le droit à la paresse au 21è siècle au moment de la sortie du confinement, où il démontre la possibilité de passer à une semaine de 15h (3h/jour ou 2jours de 7h30, comme on veut).

Suite au buzz provoqué, il se retrouve à se présenter à l'élection présidentielle de 2022.

Je ne l'ai pas encore fini mais c’est vraiment fluide et réjouissant à lire.

De la même façon, ne pas être matinale est mal vue en société.

Je suis vespérale et je n'ai plus de réveil depuis quelques années et me lève sans pression entre 9 et 11h. Et aussi je dors 10h par jour. Et je me sens beaucoup mieux comme ça.

D'ailleurs pour revenir sur le mot vespérale, que j'ai appris pas plus tard que hier par mon psy (j'étais enthousiasmée). Le mot n'est même pas connue du grand public. On ne peut qu'être "matinale" ou "pas matinale" ce qui dans le language même produit une discrimination, un peu comme Murk qui veut rendre "cisgenre" interdit sur Twitter...