JulienFalgas

joined 1 year ago
 

Monsieur le Premier Ministre,

(...)

« Les Français attendent que nous regardions la réalité en face », disiez-vous sur X (ex-Twitter), récemment, pour évoquer le budget. Mais il ne s’agit plus de cela. On ne parle plus de réalité. La preuve, vous, Premier ministre de la France, vous le disiez sur X.

Désabonnez-vous, écrivez des communiqués à l’Agence France-Presse, et méditez ce que cachait sans doute la célèbre phrase de Jacques Lacan : « Le réel, c’est quand on se cogne. » Le virtuel, c’est quand on ne sait pas qu’on saigne.

[–] JulienFalgas 1 points 2 weeks ago

La nuance est bienvenue et j'abonde dans ton sens. Face à des États qui sont gangrénés par les intérêts privés, l'intérêt public et collectif dépend de plus en plus des organisations non gouvernementales ou des coopératives. Malheureusement, ces rustines-là (qui ont notamment amorti la crise sanitaire) on ne les soutient guère et on les pousse à rentrer dans le moule : financements par appels à projets, marchés publics taillés pour les plus grosses structures...

Cf. dans La Revue Dessinée n°42 (novembre 2023), l'enquête sur le groupe SOS :

Ne dites plus «associations» mais «entrepreneurs sociaux». Des foyers d’hébergement aux Ehpad, de plus en plus d’acteurs de la solidarité s’inspirent ouvertement du secteur marchand. «Efficience», «lucrativité», «gestion des collaborateurs» ne sont plus des gros mots pour les adeptes du «social business». En France, le Groupe SOS et son influent fondateur, Jean-Marc Borello, incarnent à eux seuls cette révolution. À la tête de 750 établissements, ce petit poisson devenu trop grand dévore tout sur son passage, dans une quête effrénée de rentabilité. Au risque de malmener ses salariés et ses usagers.

[–] JulienFalgas 4 points 2 weeks ago

Musk a démontré qu'une plateforme de microblogging était un média à part entière. Il a au moins le mérite de l'assumer alors que les démocrates américains, les progressistes et notre gauche-écologiste-et-sociale à la française auraient pu l'anticiper de longue date s'ils n'étaient pas addict aux tweets. C'est effarant de constater que notre personnel politique prétendument de gauche commente encore tout "sur X" comme si les journalistes ne pouvaient pas suivre et sourcer leurs déclarations ailleurs que sur ce réseau.

On peut envisager un avenir dans lequel le parti Républicain américain et autres droites populistes privilégieront X, tandis que les démocrates US et autres partis "progressistes" plus centraux dans le monde passeront par Bluesky ou par Threads... Quant à la "vraie" gauche transformatrice, elle devrait en toute logique investir Mastodon (un peu de cohérence que diable !).

On gagnerait en pluralisme dans la recommandation de contenus et on en terminerait enfin avec ce mythe qui avait fait de Twitter l'alpha et l'omega du débat public. Comme s'il était sain que l’ensemble des sensibilités politiques s'affrontent dans une arène unique dont les règles valorisent les saillies acerbes face à l'argumentation, au débat de fond, à la construction d'une opinion éclairée. Un paysage du microblogging pluriel est préférable : dans l'ancien monde, le fait que des politiques s'expriment de préférence dans Le Monde, Libération ou Le Figaro (et pas sur un média hégémonique) garantissait le débat public. Les politiques peuvent tout aussi bien s'exprimer sur des plateformes numériques différentes sur lesquelles ils et elles débattent avec les personnes qui se sentent plus proches de leurs idées sous l’œil des journalistes à même de témoigner, d'analyser et de mettre les idées en débat.

Évidemment, dans un monde idéal, cette activité s'organiserait sur des instances interopérables du Fediverse plutôt qu'entre des plateformes plus ou moins centralisées et dépendantes de leurs actionnaires. Mais je doute que les droites populistes, les conservateurs ou mêmes les progressistes y soient prêts. C'est la raison pour laquelle je distingue les forces transformatrices qui ne rêvent pas de révolution (=extrême gauche), mais cherchent à impulser des transformations radicales mais nécessaires, compatibles avec les limites planétaires.

[–] JulienFalgas 1 points 2 weeks ago (2 children)

C'est exactement la stratégie de ces dirigeants de pacotille depuis des décennies : détricoter le secteur public pour mieux justifier des rustines issues du secteur privé qui acquiert au passage un pouvoir croissant sur des décisions qui devraient relever de nos institutions démocratiques. Je ne me résigne pas à accepter qu'on laisse faire.

[–] JulienFalgas 1 points 2 weeks ago (4 children)

Quant aux benchmark, effectivement on parle de taux d’erreur entre 1% et 3% dans le cas des RAG.

Source?

La dernières newsletter de Benoit Raphael citait ce chiffre sans le sourcer. Mais peut être l'avait il obtenu par une IA qui l'aura trouvé plausible :-p

Ce qu’on demande en l’occurrence, c’est d’avoir un taux d’erreur inférieur au taux humain. Ce qui me semble extrêmement atteignable vu le niveau des policiers.

Il ne s'agit pas d'avoir une police parfaite, mais d'agir pour relever le niveau plutôt que dilapider l'argent public en surveillance vidéo algorithmique et équipements et formation de répression ultra-violente. L'état de la police française, tout comme celui de l'hôpital ou de l'école, on le doit aux politiques qui décennie après décennies ont discrédité les services publics pour justifier de leur retirer les moyens de travailler et l'autonomie d'action nécessaire.

Même pour éclairer les décisions, on glorifie (et on arrose) les cabinets de conseils plutôt que de s'appuyer sur l'expertise de nos chercheurs. Il faut dire qu'à l'Université, on est aujourd'hui trop occupés à répondre à des appels à projet afin de trouver l'argent nécessaire pour faire notre métier... Donc comme ailleurs, au final, des IA feraient sans doute aussi bien.

Il n'est écrit nulle part que cette voie soit la seule possible. Comment peut-on penser qu'il s'agirait aujourd'hui de choisir entre IA et notre police actuelle, comme s'il n'y avait pas d'autres possibilités ? Comme je l'écrivais il y a quelques mois, Présenter l’IA comme une évidence, c’est empêcher de réfléchir le numérique. Il est urgent de réaliser que la technique doit être débattue sur un plan politique, qu'elle ne va pas de soi et que nous n'avons pas à accepter benoitement les prophéties auto-réalisatrices des milliardaires technophiles qui fournissent les éléments de langages à nos dirigeants.

[–] JulienFalgas 6 points 2 weeks ago

A rapprocher de cette info la veille : https://lemmy.world/post/21935054

Ce proche de Gabriel Attal ambitionne notamment de développer un outil, un chat GPT à la française, à destination des services de l’État pour accélérer les procédures et décharger les agents des tâches les plus rébarbatives, les moins valorisantes, leur débloquer du temps “pour être encore plus au contact du public”, défend son entourage.

Parmi les pistes, ses équipes imaginent très concrètement de faciliter le partage des dossiers médicaux entre plusieurs hôpitaux. Aujourd’hui des établissements utilisent encore le fax ! Autre idée : faciliter le dépôt de plainte auprès des forces de l’ordre, qui ne dépendent pas directement du ministère de la Fonction publique. Cette intelligence artificielle pourrait enregistrer notre témoignage pour le retranscrire bien plus rapidement que quand un policier est obligé de tout taper à la main. Dans la justice aussi, l’outil pourrait résumer en quelques minutes un dossier long comme le bras.

Sachant que l'idée des transcriptions automatiques des plaintes était déjà brandie par Xavier Niel un mois plus tôt au micro de France Inter : https://youtu.be/H8x-pIGbhOQ?feature=shared&t=817

Nous aussi, nous avons nos milliardaires avec des lignes directes vers les dirigeants politiques.

Et pendant que le ministre de la Fonction Publique lèche les bottes de Elon Musk, l'opposition réagit... Sur X.

[–] JulienFalgas 1 points 2 weeks ago (6 children)

Le désastre total dont on parle est le résultat de décennies de détricotage des services publics. Dans la bouche du ministre de la Fonction Publique, la technique n'est qu'un cache-misère qui sert à justifier davantage encore de désengagement de l’État. Il entretient l'idée mensongère d'un solutionnisme technologique qui prétend résoudre tous nos maux à coups de techniques immatures et promues par des gens sans scrupules qui raisonnent en termes de ROI sur leurs investissements financiers.

On pouvait déjà permettre le dépôt de plainte sans passer par le commissariat avec les techniques existantes. Les LLM n'y changent rien et ce n'est pas ce dont parlent le ministre ou Xavier Niel. Leur propos est d'imaginer un gain de temps (et de productivité) si l'on transcrit automatiquement ce que disent les plaignants, au lieu de rédiger soi-même. Or les IA ne peuvent pas remplacer la nécessité d'accueillir les victimes, de les écouter, de les aider à exprimer et formuler ce qu'elles ont vécu et de les orienter dans la recherche d'une réparation. C'est d'ailleurs la promesse : être plus au contact du public. Ces gens qui se croient géniaux n'ont sans doute jamais conduits, transcrits ou analysés d'entretiens de leur vie : d'abord un entretien ne fonctionne pas sans un interlocuteur compétent ; ensuite les IA de transcription font beaucoup de coquilles, il faut repasser derrière ; enfin la parole orale est bien plus difficile à analyser et interpréter qu'une déclaration rédigée pour formaliser un témoignage.

Tant mieux si l'on équipe les fonctionnaires d'outils éprouvés pour comprendre une victime dans sa langue maternelle. On pourrait tout de même regretter que cela prenne la place des interprètes qui savent traduire bien au-delà des mots. Quoiqu'il en soit, cela ne dispensera pas de former à l'écoute et à la législation. Pour le reste, si le propos est d'accepter que les fonctionnaires de police puissent être analphabètes, ce n'est pas un progrès. Comme le développait récemment Morozov pour Le Monde Diplomatique, tant qu'on concevra l'IA comme un moyen d'augmenter des individus diminués, on passera complètement à côté. Ces techniques pourraient sans doute être conçues et mises en œuvre pour nous améliorer, mais ce n'est pas ce dont on nous parle ici.

Quant aux benchmark, effectivement on parle de taux d'erreur entre 1% et 3% dans le cas des RAG. Dans bien des applications, un tel taux reste trop important. Par ailleurs, tant que les utilisateurs ne comprendront pas le fonctionnement de ces outils et croiront dialoguer avec une entité intelligente, ils seront incapables d'évaluer la pertinence de la réponse à un prompt. Savoir que le LLM ne traite que le texte, ne sait pas forcément traiter des données tabulaires et encore moins des données présentées sous forme de graphique (format image) est indispensable. Quand bien même, sans expertise sur ce qu'on lui demande de produire, on se contente d'un rapport magique à la technique, on ne peut pas discerner les réponses correctes de celles qui ne sont que plausibles. Or avec l'expertise nécessaire, l'IA n'apporte pas forcément de gros gains de productivité... A supposer qu'être plus productif soit souhaitable si cela signifie s'épuiser en multipliant encore les tâches et la quantité d'information à traiter au quotidien.

[–] JulienFalgas 5 points 2 weeks ago (8 children)

Xaviel Niel avait justement avancé cette idée de la transcription automatique des plaintes lors d'une interview sur France Inter le 1er octobre : https://youtu.be/H8x-pIGbhOQ?feature=shared&t=817

Comme si déposer une plainte n'était qu'affaire d'enregistrer par écrit tout ce qu'on dit, tel qu'on le dit. Comme si la transcription automatique était tellement au point qu'elle ne faisait jamais de faute, surtout face à des accents divers et variés. Comme s'il ne fallait pas un minimum de compétence et d'écoute pour recueillir les informations nécessaires auprès du ou de la plaignante. Comme si on pouvait se passer de traduire son témoignage avec justesse et esprit de synthèse, tout en obtenant sa validation de cette traduction.

Mais c'est sûr que former les fonctionnaires de police à la conduite d'un tel entretien est couteux, et qu'on part de loin. Alors comme dans tous les services publics exsangues, on va nous dire qu'après-tout une IA fera sans doute mieux pour moins cher.

Et puis c'est pratique de résumer automatiquement des dossiers longs comme le bras. C'est sûr que si des êtres humains ont pris la peine de les constituer, c'est certainement pour qu'une IA les résume sans âme ni conscience et en inventant potentiellement des choses qui n'y sont pas. D'après un benchmark d'OpenAI, aucun modèle ne produit de résultats factuellement corrects plus d'une fois sur deux.

Donc c'est ça l'élite de la Nation : un ministre de la fonction publique sorti d'une prestigieuse école de commerce qui reprend les idées d'un homme d'affaire milliardaire, tous deux convaincus par le narratif qui veut que l'IA dominera le monde et qu'il vaut mieux en être quand bien même on sait qu'il n'y a pas les ressources sur Terre pour soutenir un tel déploiement de ces techniques.

 

Ce proche de Gabriel Attal ambitionne notamment de développer un outil, un chat GPT à la française, à destination des services de l'État pour accélérer les procédures et décharger les agents des tâches les plus rébarbatives, les moins valorisantes, leur débloquer du temps "pour être encore plus au contact du public", défend son entourage.

Parmi les pistes, ses équipes imaginent très concrètement de faciliter le partage des dossiers médicaux entre plusieurs hôpitaux. Aujourd'hui des établissements utilisent encore le fax ! Autre idée : faciliter le dépôt de plainte auprès des forces de l'ordre, qui ne dépendent pas directement du ministère de la Fonction publique. Cette intelligence artificielle pourrait enregistrer notre témoignage pour le retranscrire bien plus rapidement que quand un policier est obligé de tout taper à la main. Dans la justice aussi, l'outil pourrait résumer en quelques minutes un dossier long comme le bras.

[–] JulienFalgas 2 points 3 weeks ago* (last edited 3 weeks ago) (2 children)

On retrouve le profil des "Smart-Climato-complot" de l'enquête de Parlons Climat sur les climatosceptiques en France :

Tout comme dans les cortèges britanniques ou aux USA, ces mâles alpha bousculés dans leurs valeurs sont accompagnés par des hommes plus jeunes (moins de 35 ans) et plus politisés.

[–] JulienFalgas 3 points 3 weeks ago (3 children)

Je relève que les 45-64 ans sont les seuls à avoir voté en majorité pour Trump. Or, il s’agit de la même classe d’âge que les émeutiers racistes qui s’étaient illustrés au Royaume Uni il y à quelques mois sous l’influence de la désinformation : https://theconversation.com/pourquoi-tant-de-quadras-et-de-quinquas-parmi-les-emeutiers-au-royaume-uni-236352

[–] JulienFalgas 3 points 3 weeks ago

Oups, toutes mes excuses. Merci pour ce rappel.

Comme le souligne mon commentaire, il y a certainement un "sujet" qui dépasse les frontières et devrait nous préoccuper tout autant à l'échelle franco-française. Mais effectivement, ce n'est pas l'objet de l'article cité.

[–] JulienFalgas 6 points 3 weeks ago

Je relève que les 45-64 ans sont les seuls à avoir voté en majorité pour Trump. Or, il s'agit de la même classe d'âge que les émeutiers racistes qui s'étaient illustrés au Royaume Uni il y à quelques mois sous l'influence de la désinformation : https://theconversation.com/pourquoi-tant-de-quadras-et-de-quinquas-parmi-les-emeutiers-au-royaume-uni-236352

[–] JulienFalgas 6 points 1 month ago* (last edited 1 month ago)

Les cyclistes ont encore bien d’autres caractéristiques particulières qui engendrent des comportements spécifiques :

  • N’ayant pas de carrosserie, ils savent qu’ils sont vulnérables.
  • Ils se déplacent à la force de leurs muscles, ce qui les amène à économiser sans cesse leurs efforts, en s’arrêtant le moins possible et en évitant les détours et les pentes.
  • N’ayant pas de montants de toit qui masquent la visibilité ni d’habitacle qui étouffe les bruits de la rue, ils détectent facilement les véhicules en approche sans avoir besoin de s’arrêter complètement.
  • Leur gabarit étant réduit, ils se faufilent aisément dans le trafic, mais pour trouver leur équilibre, ils peuvent zigzaguer lors du démarrage ou en gravissant une côte.

Le code de la route est encore très en retard dans la prise en compte de toutes ces spécificités.

Ça fait du bien de le lire. Il y a quelques temps, par un calme dimanche après-midi, une fourgonnette de police m'a interpelé avec les gyrophares pour me reprocher de ne pas avoir masqué un stop à vélo, d'autant plus que j'étais avec mes enfants et que c'était un très mauvais exemple. Pourtant, à l'allure à laquelle j'approchais du stop en question et compte tenu de la visibilité juché sur mon vélo, il n'y avait aucune nécessité de m'arrêter. Rien à voir avec un automobiliste qui couperait la route de la voie prioritaire le temps d'avoir le temps de voir si quelque-chose arrive. Et puis redémarrer te met à la merci du chauffard qui arriverait trop rapidement.

D'ailleurs, l'auteur suggère en fin d'article :

  • Tous les stops et tous les feux devraient pouvoir être considérés par les cyclistes comme des cédez-le-passage.
 

Pendant 30 heures, le comportement de 9 000 véhicules a été observé dans cinq grandes villes : Paris, Lyon, Montpellier, Rennes et Metz.

 

Un collectif de plus de deux mille universitaires et chercheurs dénonce, dans une tribune au « Monde », deux décennies d’errance dans l’enseignement supérieur et la recherche, qui ont conduit à un décrochage économique, scientifique et technique de la France.

 

Morgane Tual : Après vingt ans de domination des grands réseaux sociaux, nos usages du Web ont changé. Les internautes se réfugient dans des cocons privés, reléguant les grandes plateformes à des lieux de divertissement plus que de conversation, où peine à subsister une culture commune.

 

À l’occasion de la Journée internationale de l’accès universel à l’information, l’Observatoire international du Forum sur l'Information et la Démocratie publie un appel de 150 chercheurs issus de 41 pays pour alerter contre les menaces et pressions croissantes auxquels sont confrontés ceux qui étudient la désinformation.

Nous exhortons les gouvernements à créer un cadre qui garantisse une recherche sûre, indépendante et accessible sur les causes profondes et les menaces que la désinformation fait peser sur nos démocraties.

 

Suite à un échange avec @[email protected] dans la foulée d'un post de @[email protected], je me dis que ce retour d'expérience peut intéresser quelques personnes ici.

Je suis enseignant-chercheur en Sciences de l'Information et de la Communication. De mars 2023 et jusqu'à début mai 2024, j'ai présidé une startup issue de mes recherches (Profluens), afin de pérenniser un projet qui m'occupe de longue date (Needle.social). De cette expérience, je retiens 2 ou 3 choses que j'aimerais partager avec vous.

L'idée de Needle a germé fin 2015

  • 6 mois avant que n'éclate le scandale Cambridge Analytica,
  • 2 ans avant que Donald Trump ne popularise l'expression de "fake news".

Déjà, j'étais préoccupé par l'évolution de notre environnement médiatique face à la montée en puissance des réseaux sociaux. C'est pourquoi j'ai imaginé une autre manière de partager et de faire circuler des informations et des contenus. Autant dire qu'il n'y avait ni débouché économique, ni même de demande sociétale pour cette invention qui fait le pari de ne pas capter notre attention.

Ce "carnet" répertorie les temps fort du projet Needle.

Que retenir de mon année comme PDG d'une startup ?

Pour moi, créer une entreprise n'a jamais été une fin. Avec le temps, je me suis tourné vers ce véhicule économique faute d'autre option pour faire sortir mon invention du labo.

Ce que je sais aujourd'hui :

  • Mon invention n'avait pas atteint une maturité suffisante lorsque nous avons créé Profluens en mars 2023. Créer une entreprise était pourtant la seule piste disponible pour poursuivre les développements initiés avec les moyens du bord au Centre de recherche sur les médiations. En effet, comme la plupart des laboratoires de sciences humaines et sociales, mon unité de recherche ne dispose pas de postes pérennes en ingénierie logicielle.
  • Needle représente un défi technique sous son apparente simplicité. Il ne s'agit pas seulement d'assembler des briques existantes pour bricoler une expérience utilisateur différente. Il s'agit de développer une technologie selon un paradigme tout à fait différent de celui qui préside aux plateformes qui dominent nos pratiques médiatiques contemporaines.
  • La réussite de Needle dépend de la poursuite patiente et sincère de nos efforts pour susciter la découverte des contenus qui le méritent. Je reste convaincu que la réponse aux grands défis collectifs (environnement, santé, éducation, démocratie...) réside dans notre capacité à imaginer des réponses aussi riches et variées que les informations, les créations et les idées qui nous rassemblent.
  • Il est indispensable d'associer les bénéficiaires de Needle aux décisions qui les concernent. En effet, tout repose sur la dissémination d'un service gratuit digne de confiance. C'est un vaste chantier qui reste à entreprendre et qui ne doit pas reposer sur les seule épaules d'une entreprise privée quelle qu'elle soit.

Et maintenant ?

Afin de préserver les finances de Profluens, je suis revenu à mes fonctions d'enseignant-chercheur à l'Université de Lorraine. Dans le cadre d'une autorisation de concours scientifique, je continue d'apporter mes conseils à Profluens quant à l'évolution de Needle et aux enjeux info-communicationnels qu'implique le projet. Toujours concentré sur les développements informatiques, c'est le directeur technique qui a pris le flambeau en tant que Président.

Autant dire que nous rêverions d'être rejoints par une personne plus compétente que nous pour piloter la restructuration et l'animation du projet sous forme d'une société coopérative. En attendant, les développements se poursuivent pour parvenir à une version pleinement fonctionnelle et décentralisée qui pourra (enfin) faire l'objet d'une publication open source.

 

J'ai une affection particulière pour ce petit monde de la bande dessinée qui souffre de longue date de précarisation et de paupérisation de ses auteurs et (davantage encore) autrices.

Sans elles, sans eux, nos imaginaires seraient encore plus étiolés. La bande dessinée est un des rares modes d'expression individuelle qui permette de développer des univers et des récits à même de rivaliser avec les productions formatées des mastodontes de l'audiovisuel.

Je ne peux que vous engager à entendre leur appel.

 

Si le RN reste malgré tout en tête dans 55 % des circonscriptions et semble bien placé pour remporter les élections législatives qui se profilent, c’est sans compter sur le fait que les résultats électoraux sont le reflet de dynamiques politiques et sociales et non un simple bilan comptable.

Aussi proposons-nous une variante de la carte précédente où nous représentons en jaune les circonscriptions dans lesquelles l’écart de voix entre le NFP et son principal adversaire est de moins de 5 %. En d’autres termes, les circonscriptions électorales où rien n’est joué.

Dans cette configuration, 18 % des circonscriptions semblent très indécises et le RN ne semble plus en position de force que dans 45 % des cas – ce qui est déjà beaucoup trop. Rien n’est cependant joué.

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